LES FAILLES DES TECHNIQUES DE COMMUNICATION RESPECTEUSE
Depuis quelques jours, j'entends parler d'un article du magazine Grandir Autrement numéro 45 intitulé "Les écueils des techniques de communication dites non-violentes". J'ai, enfin, eu l'occassion de le lire ce week-end.
Tout d'abord, je tiens à remercier les journalistes, Daliborka Milovanovic et Victorine Meyers, pour avoir osé écrire un article qui montre les limites des méthodes de communication de la parentalité positive.
Avant de vous en parler, je tenais à apporter une précision: derrière les méthodes de la parentalité positive, les journalistes regroupent les outils de communication de Faber & Mazlish, Gordon et Rosenberg. Cependant, je ne mettrais pas Rosenberg dans le même panier.
En effet, les outils de la CNV (communication Non Violente) de Marshall Rosenberg sont en fonction du parent. Le parent parle de lui, de ses émotions et de ses besoins qui lui sont propres. Il va faire une demande qui n'est pas une exigence.
Les deux premiers outils ne prennent pas en compte les émotions du parents. A ce sujet Thomas Gordon, dans ces techniques de communication, vise un comportement de l'enfant et non pas ce que le parent observe.
" Présentée, labellisée comme douce et respectueuse, la CNV propose souvent du prêt-à-éduquer de remplacement (les formules du type "ne faites pas - faites plutôt") que les parents, tout pleins de bonne volonté qu'ils sont en général, appliquent consciencieusement; et ils soignent tant et si bien la forme que le fond du problème leur échappe."
J'ai débuté mon chemin dans l'éducation respectueuse, il y a 3 ans, par le biais des ateliers Faber & Mazlish. Il m'ont beaucoup aidé à sortir de certains moments de conflits, cependant cette nouvelle méthode de communication n'était pas innée, cela m'a demandé des efforts pendant quelques temps pour intégrer ces automatismes.
"Il s'agit d'emmener un enfant quelque part (une situation, un lieu) où il n'a clairement exprimé ne pas vouloir se rendre pour des raisons tout aussi valables et sérieuses que celles qui motivent le parent; l'y emmener et lui faire accroire qu'il a eu le choix."
De plus, je cherchais parfois à arrêter le conflit par le biais de toutes mes techniques et calmer les tensions, mais en vain... cela ne marchait pas toujours!
"Certaines situations difficiles donnent envie de hurler sa frustration ou sa colère et la gestion que proposent les méthodes de communication peuvent apparaître comme des façons de lisser les problèmes plutôt que de les prendre à bras-le-corps."
En effet, comme le souligne les journalistes, j'étais connectée à mes techniques et non plus à mes enfants, cherchant à arrêter un conflit, à modifier leur comportement, à ce qu'ils fassent quelque chose qui me convenait... une manipulation... bienveillante!
"Assumer sereinement sa décision et accueillir, écouter la frustration ou la colère de son enfant tout en lui expliquant qu'il n'a, en fait, pas le choix, est une façon sans doute plus saine d'agir avec lui. Mais il est difficile d'entendre et d'accompagner la frustration qu'il nous semble préférable de la leurrer."
Je vous avais déjà invité à vous poser la question dans un récent article " La communication bienveillante est-elle manipulatrice? "
Les techniques de communication demande un apprentissage, ce qui induit que le parent se connecte a son cerveau intellectuel et non pas à son cerveau émotionnel.
Aveuglé par ces techniques, le parent est déconnecté de ses propres émotions, et également celles de son enfant.
Il cherche à "convaincre", à "imposer" quelque chose, un comportement... cependant son enfant ressent des émotions, a des besoins, des idées qui lui sont propres.
"Comprendre vraiment son enfant, c'est se mettre à sa place, adopter son point de vue; c'est la condition même de l'empathie."
Les techniques de communication non violente peuvent être efficaces, et elles seront respectueuses quand le parent sera, également, en lien avec son enfant, capable d'entendre une crise de rage ou de frustration, d'écouter ses besoins, ses choix, ses envies, son libre arbitre pour faire de lui la personne qu'il a envie d'être et non pas celle que nous avons envie d'avoir.
Projet 365 # 140 - Un jour, un billet