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Ensemble naturellement
7 décembre 2017

IL CRIE, IL FAIT DES CAPRICES

La semaine dernière lors d'un atelier de portage, des parents me disaient que leur sage femme leur avait dit qu'à partir de 3 mois l'enfant faisait des caprices et qu'il fallait éviter de le prendre dans les bras et de dormir avec lui! 
J'ai été très interloquée par cette affirmation, d'autant plus que les études et les dernières découvertes en neurologie nous prouvent l'inverse. 
Et j'ai été encore plus surprise qu'elle affirme qu'un enfant soit capable de faire des caprices à 3 mois. Pourquoi cet âge? Les parents n'ont pas pu me répondre. 

caprices

Dans un premier temps, il faut être conscient que l'enfant n'a pas la capacité de manipulation à son plus jeune âge.
Petit, il est en proie à ses émotions, le cerveau archaïque et émotionnel dominent le cerveau logique, le néocortex: le centre du raisonnement et de la compréhension, de la logique et de la conscience.
Et a 3 mois, comme à un an, ou 4 ans, l'enfant n'a pas cette capacité de manipuler son parent. 
Pour vérifier, un test simple consiste à prendre une boite à forme et à demander à l’enfant d’insérer une forme dans le trou correspondant. S’il doit tester avant de trouver le bon trou, s’il ne réussit pas du premier coup à chaque fois, s’il ne parvient pas à formuler verbalement la bonne réponse, alors il n’est pas capable de manipuler ses parents. Pour l’immense majorité des enfants, cela ne sera acquis qu’après l’âge de 4 ans. 

Du fait que l'enfant a son cerveau totalement immature, il va avoir des réactions qui peuvent être démesurées face à une situation, une contrariété, ou une frustration. 
Il peut se mettre à crier, à se rouler par terre, à vouloir taper... 
A cet instant, il ne vous manipule pas pour vous faire changer d'avis, il ne vous cherche pas non plus. Votre enfant est dans l'incapacité à gérer ses émotions, il est dans une tempête émotionnelle gérée par son cerveau archaïque dans un premier temps puis son cerveau cognitif. 
Le cerveau archaïque entraîne des réactions automatiques, une réponse immédiate pour assurer notre survie: attaquer, se figer, prendre la fuite. 
D'où son comportement qui peut être dans des gestes de décharge ou bien s'allonger au sol et ne plus bouger, par exemple. 

"Les parents sont souvent très inquiets face à ces scènes extrêmement bruyantes. Il ne s'agit pas de "caprices", ni de troubles pathologiques du comportement, mais d'une conséquence de l'immaturité du cortex préfrontal et des circuits relayant l'information entre le cortex et le systéme limbique. Le cerveau supérieur n'est pas assez développé pour pouvoir gérer de tels orages émotionnels. Les tout-petits sont très fréquemment assaillis par ces émotions et ces impulsions primitives d'attaque ou de fuite. Il ne sont pas encore capable de prendre du recul, de réfléchir, d'analyser la situation. 
Il est fondamental de connaître et de comprendre que ce passage, ce moment de vie ne durera pas si les adultes apaisent l'enfant au lieu de le réprimander plus ou moins violemment, en le menaçant, en criant, en s'énervant, en punissant, en frappant." 
Catherine Gueguen - Pour une enfance heureuse

Donc, ce que l'on appelle dans le langage commun "caprice" n'est autre qu'une réponse à une frustration. 
Cette crise peut parfois être assez déconcertante pour les parents, et va demander beaucoup d'énergie et de patience pour accompagner l'enfant dans l'expression de ses émotions. 

Par exemple, aujourd'hui, mon fils de 26 mois voulait faire de la draisienne. 
J'entends son besoin et donc nous nous préparons pour sortir et je lui dis que nous allons chercher son frère à la sortie de l'école et qu'il pourra prendre son vélo à ce moment là. 
Nous arrivons à la voiture, et il se met à hurler, à se débattre dans tous les sens. Je ne pouvais, donc, pas l'attacher dans son fauteuil. 
Je comprends parfaitement ce qui se passe dans sa petite tête d'un enfant d'un peu plus de 2 ans: il est dans l'instant présent, et prendre le vélo en arrivant à l'école n'est pas une notion qu'il maîtrise. 
Il est donc déçu de ne pas pouvoir faire du vélo, maintenant. Et du fait de son immaturité cérébrale, l'expression de sa déception se fait par des gestes, des pleurs, des cris... 
Je formule sa déception et je comprends à quel point c'est difficile d'attendre. Je le rassure en lui disant que j'ai bien entendu son envie de faire du vélo et qu'il va en faire. 
Je le câline pour lui permettre d'apaiser les réactions de stress dans son cerveau et l'aider à se calmer. 
Il s'apaise, nous partons en voiture jusqu'à l'école où là il a pu profiter de faire un peu de draisienne. 

Notre rôle de parent guide sera d'accompagner au fil des ans notre enfant dans l'expression de ses frustrations: en verbalisant ce qu'il ressent, en lui donnant des outils pour extérioriser sans violence, en lui montrant l'exemple. 
Il va s'intégrer de tout cela, comme de l'engrais naturel que nous allons verser sur lui, et lui permettre de grandir avec une bonne estime et confiance en lui. 

Pour résumé, les caprices n'existent pas. Il s'agit presque d'un gros mot dans l'éducation de nos enfants. 
Il convient de poser un autre regard sur les crises des enfants et d'y voir l'expression d'une frustration que les enfants sont incapables de gérer. 
Au lieu, d'ignorer l'enfant, il a besoin d'être écouté et accompagné avec tendresse. 

Lecture pour aller plus loin
Au coeur des émotions de l'enfant - Isabelle Filliozat - Marabout - 6.50 €
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Cultura: http://bit.ly/2AExxHZ
Decitre: http://bit.ly/2Ayj6aq

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